Finis ton assiette ! … ou… la force de la propagande

Les joies de la maternité et de la paternité sont certainement très nombreuses… N’ayant moi-même pas encore l’expérience si spéciale d’avoir en face de moi un petit être partageant la moitié de mon ADN, je ne pourrai pas trop m’étendre sur ces « bonheurs quotidiens ». En revanche, je connais quelques unes des difficultés auxquelles tout parent est un jour confronté. La plus grande d’entre elle est de faire en sorte que ses dires soient intégrés par le petit. Autrement dit, il faut qu’il obéisse.

L’obéissance est une ‘qualité’ à développer. Plusieurs tactiques peuvent être mises en œuvre par les parents avides de paix extérieure. La première consiste à jouer sur le facteur « carotte » … « Ma puce, tu veux un désert ce soir ? », « Si tu ramènes une bonne note, tu auras droit à la nouvelle PlayStation ^^ ». Une tactique qui peut marcher temporairement.

Pour une tactique plus rentable sur le long terme, il vaut certainement mieux se tourner vers le « bâton ». Plus vraiment à la mode actuellement, elle a néanmoins de nombreux mérites…

Enfin, dernière solution : faire culpabiliser le petit. Je voudrais ici prendre l’exemple des repas en famille. Ceux où quoi que l’on fasse, la dernière moitié du steak haché et les ¾ des petits pois restent dans l’assiette… Que faire… ?

Et une bouchée pour maman...

Remémorez-vous votre enfance. Vos parents ne vous ont-ils pas un jour sorti : « Tu devrais finir ton assiette. Tu sais, dans le monde dans lequel on vit, tous les enfants ne mangent pas à leur faim. Certains en meurent même ! Pense donc aux petits Africains ! ». « L’Afrique qui meurt de faim » c’est la version des jeunes de ma génération, ceux des années 90’s.

Pour la génération précédente (les soixantenaires actuels), il paraît que c’était les jeunes Chinois qui faisaient culpabiliser les jeunes Français !

Toute cette histoire devient drôle quand on s’aperçoit que les parents du monde entier ont usé de cette technique et que même dans la Chine des années 60 – 70’s, celle qui – d’après les parents Français – mourrait de faim, les parents Chinois avaient eux aussi trouvé plus malheureux qu’eux.

Alors, selon vous, qui servait d’alibi aux parents Chinois des années 60-70’s ? … Pour ceux qui seraient tentés de donner leurs langues au chat, un indice : c’est particulièrement « politiquement correct ».

Réponse : les enfants du monde capitaliste bien sûr !

Ah-la-la, propagande, quand tu nous tiens !

J’ai découvert cela en lisant le livre « les cygnes sauvages » de Jung Chang. Pour le plaisir, je vous cite le passage concerné (page 294) :

« J’imaginais l’Occident noyé dans la pauvreté et la misère, non sans ressemblance avec l’univers désolé de la Petite Marchande d’allumette d’Andersen. Lorsque, à la garderie, je refusais de finir ce qu’il y avait dans mon assiette, la maîtresse me disait : « Pense à tous les enfants qui meurent de faim dans le monde capitaliste. » Plus tard, à l’école, pour nous forcer à travailler avec d’avantage d’acharnement, nos professeurs s’exclamaient souvent : « Vous avez tellement de chance de pouvoir aller à l’école et d’avoir des livres pour étudier. Dans les pays capitalistes, les enfants sont obligés de trimer pour faire vivre leurs familles affamées. » Souvent, lorsque les grandes personnes voulaient nous faire accepter quelque chose, elles nous disaient que les Occidentaux, eux, en auraient bien voulu, mais qu’ils ne pouvaient pas en avoir ; nous devrions par conséquent nous réjouir de notre bonne fortune. J’en vins donc à penser systématiquement de cette manière. Un jour, je vis arriver en classe une de mes camarades vêtue d’un imperméable rose transparent comme je n’en avais jamais vu ; je songeai combien il serait agréable d’échanger mon vieux parapluie contre un imper comme celui-là. Mais aussitôt je m’en voulus de cette pensée « bourgeoise » et écrivis dans mon journal : « Pense à tous les enfants du monde capitaliste. Ils ne songent même pas à posséder un parapluie ». »

Vous avouerez que ce texte à une saveur particulière !

Pour ceux qui ne le savait pas encore, j’annonce donc que l’on s’est fait avoir et que ces petits pois en boîte on aurait très bien pu ne pas les finir…

3 réponses à “Finis ton assiette ! … ou… la force de la propagande

  1. Haha, ton article m’a beaucoup fait rire !
    Et quelle fin !

  2. J’aime bcp cet article !
    Ah ces chinois ! La propagande jusque dans l’assiette LOL

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